Rédigée par Laurent DUFOUR le 28/01/2025 à 18:15
Mon nouveau livre viens de sortir !
Extrait de la préface de Helder VINAGRE
La photographie monochrome, avec son langage intemporel et sa capacité à transcender les époques, est bien plus qu’une simple absence de couleurs. Elle est un art à part entière, une façon de sculpter la lumière et l’ombre pour raconter des histoires universelles.
L’histoire de la photographie monochrome commence au XIXᵉ siècle, avec des pionniers comme Nicéphore Niépce et Louis Daguerre, qui ont transformé la science en art. Le daguerréotype, fragile et minutieux, a révélé un monde où chaque détail était capturé avec une précision inédite, en noir et blanc. À cette époque, l’absence de couleur n’était pas un choix artistique, mais une contrainte technique. Pourtant, c’est cette limitation qui a permis à des artistes comme Gustave Le Gray et Julia Margaret Cameron d’explorer la lumière avec une sensibilité nouvelle. Le monochrome, loin de réduire la réalité, a ouvert la voie à une esthétique minimaliste et poétique, où la lumière devenait le véritable sujet.
Avec l’avènement de la photographie argentique au XXᵉ siècle, le monochrome a pris un nouveau souffle. Les pellicules comme la légendaire Kodak Tri-X ou la Ilford FP4 et les appareils photo plus légers, plus maniables, ont offert aux photographes une maîtrise inédite de leur art. Dans les mains de photographes comme Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau ou Willy Ronis, le noir et blanc est devenu un outil puissant pour capturer l’âme d’un paysage ou d’un instant temporel. Le laboratoire, avec ses bains chimiques et ses lumières rouges actiniques, était le sanctuaire où l’image naissait. C’était une époque où chaque cliché demandait patience et réflexion, où chaque tirage devenait une œuvre unique.
Puis vint l’ère du numérique, avec ses pixels remplaçant les grains d’argent. Si les premières années ont vu le noir et blanc numérique tenter d’imiter laborieusement l’esthétique de l’argentique, la technologie a rapidement dépassé cette imitation pour offrir de nouvelles possibilités créatives.
Aujourd’hui, les outils numériques permettent une précision et une liberté autrefois inimaginables. Des photographes contemporains, comme Michael Kenna ou Sebastiao Salgado, repoussent les limites de ce médium en mêlant les techniques modernes et les influences classiques, rendant leurs photographies monochromes au rang d’œuvres d’art.
En même temps, les logiciels de traitement d’image et de dérawtisation soutenus par l’intelligence artificielle, offrent aujourd’hui des palettes infinies pour jouer avec les contrastes, les textures et les tonalités, tout en continuant si le photographe le désire par son choix du monochrome, de rendre hommage aux maîtres du passé.
Or, dans ce monde où tout est couleurs, à quel âge distingue-t-on les couleurs et comment expliquer de nos jours l’attrait encore existant pour les photographies en noir et blanc ?
Bien que les différentes structures de l’œil humain permettant la perception des couleurs soient présentes dès la naissance, elles ne sont pas encore pleinement fonctionnelles et nous percevons le monde qui nous entoure principalement en nuances de gris dans les deux premiers mois de notre vie. A partir de l’âge de cinq mois, la perception des couleurs chez le nourrisson est presque aussi développée que celle de l’adulte. Prenant le cas de la photographie, comment notre cerveau fait-il la distinction entre le monochrome et la couleur ?
La perception de la photographie monochrome par l’œil humain est profondément différente de celle de la photographie en couleurs. Cette différence ne réside pas seulement dans l’absence de celles-ci, mais dans la manière dont le cerveau interprète l’image, ce qui influence directement sur nos émotions, notre attention et notre compréhension des sujets photographiés.
Lorsque nous regardons une photographie en couleurs, l’œil humain est naturellement attiré par les teintes les plus vives et les contrastes de couleur. La couleur est un langage instinctif qui évoque des émotions immédiates par exemple le rouge peut suggérer la passion ou le danger, le bleu inspirer souvent la sérénité et le vert est souvent associé à la nature et à la vie. Ces associations, bien que puissantes, ont parfois tendance à dominer notre perception et à détourner l’attention des formes, des textures et des jeux de lumière qui composent l’image.
«Paris monochrome» est en commande à la librairie Blurb : https://www.blurb.fr/b/12310588-paris-monochrome
Publisher: Blurb (Jan 28, 2025)
ISBN-13: 979-8347461110
Grand poche, couverture rigide matte – Intérieur sur papier standard 105g/m2 blanc non couché, dos carré, 20×25 cm – 290 Pages